ImproviStations

opera digitorum

3 séries

 

ImproviStations I

1999

En même temps que j’enregistrais le disque Sparsæ Partes (début 1999, à Paris), je voulus m’essayer à des improvisations musicales. Toujours au clavier, vers un magnétophone numérique multipistes : une seule prise par instrument, avec au maximum 3 pistes. La première impro, Exode, fut la plus accrobatique, puisqu’elle fut enregistrée en une seule fois, ce qui me fit jouer certaines notes avec le nez ! mes mains étant occupées. Ce sont avant tout des exercices, et non des morceaux aboutis. J’avais dans l’idée d’en reprendre ensuite certains sur partition (trop difficile, finalement, avec mon faible niveau technique). J’ai recherché dans cette variété, ici un travail sur le rythme, là sur la mélodie, ou sur tel autre un mélange d’instruments. Le tout n’a donc pas volonté à être cohérent. Ce volume s’inscrit bien dans la continuité expérimentale du disque : Sonorituels.

Il m'a semblé naturel de rajouter des titres poétiques (en 2007), plus élégants que de simples numéros ; mais il ne s'agit en aucun cas de bloquer ou brider les facultés rêveuses de l'auditeur ! Libre à chacun de s'en figurer d'autres, dans d'autres univers. On distingue principalement trois thèmes (pouvant parfois s'interchanger) : la prière, la nature paisible (à laquelle j'associe l'humain dans celle-ci) et le monde industrieux tourmenté (associant Arès, Hadès et Héphaïstos : la guerre, les Enfers et l'industrie).

Je ne suis abstrait dans aucun art ; aussi, de même que sur partitions, ma musique improvisée a tendance à être figurative, à chercher à faire apparaître des images dans l'imaginaire de chacun. Il y a toujours un discours, une histoire, un élan. Je suis un orateur orant ostentatoire.

Les ImproviStations sont en 2 disques (volumes) : le premier pour la série I, le second pour les séries II et III.

 

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Titre
Durée
Date
Instruments (synthétiseur)
-Exode
3' 37"
janvier 1999
Cors
-Élégie
5' 18"
janvier 1999
Hautbois / Basson
-Insistance
2' 22"
janvier 1999
Cordes (marcato)
-Aube montagneuse
1' 05"
janvier 1999
Cordes (arco)
-Vieille femme
1' 30"
janvier 1999
Contrebasse / Clarinette / Alto
-Imploration
1' 31"
janvier 1999
Trombones / Cors / Trompettes
-Consolation
1' 51"
janvier 1999
Clarinette basse / Cordes / Trombone bouché
-Exhortation
3' 17"
janvier 1999
Cuivres bouchés
-Retour au village
2' 36"
janvier 1999
Flûtes (reverb) / Hautbois / Basson
-Églogue
2' 07"
janvier 1999
Tuba / Trobones / Corde (?)
-À la fenêtre d'automne
2' 29"
janvier 1999
Piano / Timbales / Trombones
-Moucherons
2' 08"
janvier 1999
Accordéons
-Apprentissage
3' 07"
janvier 1999
Orgues
-Ave Maria - I
1' 23"
janvier 1999
Guitare
-Ave Maria - II
1' 40"
janvier 1999
Flûte / Guitare
-Retour de chasse
1' 53"
janvier 1999
Voix / Xylophone / (Rainforest)
-Aux champs
2' 03"
janvier 1999
Marimba / Scie musicale
-Affection amoureuse (à Richard et Cosima)
2' 52"
janvier 1999
Cordes / Cors / Bois
-Acclamation
1' 37"
janvier 1999
Cuivres / Bois
-Ave Maria - III
2' 43"
janvier 1999
Chœurs
-En route
2' 17"
janvier 1999
Vibraphones
-Femmes à l'ouvrage
1' 32"
janvier 1999
Dulcimer / Mandoline / Sitar
-Convoi
1' 00"
janvier 1999
Électronique
-Nuit d'hiver
1' 27"
janvier 1999
Électronique
-Épave
1' 57"
janvier 1999
Électronique
-Nautilus
1' 30"
janvier 1999
Électronique
-Recueillement d'enfants perdus
1' 42"
janvier 1999
Chœurs / Électronique

 

 

ImproviStations II

2001 / 2002 / 2005

Je me suis lancé sur cette série comme un mort de faim ! suite à une envie aussi furieuse que subite - je parle de ceux du 7 décembre 2001, ayant oublié les circonstances pour les deux derniers. J'ai travaillé (chez moi, à Lorient) selon les mêmes règles qu'en 1999. J'en étais très content, ayant le sentiment qu'il y a peut-être plus d'unicité avec ceux-ci. Je me suis dis que je pouvais et devrais en produire plus souvent. Il est curieux de constater qu'en fait je n'en fais que rarement et très ponctuellement. J'ignore pourquoi.

J'ai voulu explorer une musique sans rythme (ou non basée sur le rythme), tant je trouve que la dictature du rythme – qui s'impose partout – est un frein à la créativité, puisque obligeant à se soumettre à une structure prédéfinie, sans raison objectivre. Tous les musiciens à qui j'avais parlé de ce projet haussèrent les épaules en me répondant avec condescendance qu'une musique sans rythme : ça n'existait pas ! Je reste effaré du nombre de gens qui se prétendent artistes et qui sont incapables d'imaginer qu'on puisse essayer, de temps en temps, d'inventer quelque chose. Ceci dit, l'invention est rare, en art ; chacun, ici ou là, capte ce qui est dans l'air du temps, et l'on constate souvent que les nouveautés ont plusieurs origines simultanées et indépendantes.

Je ne suis pas toujours un adversaire du rythme, mais sa simplicité créative, alliée au grand effet qu'il produit sur les humains, m'inspire plus de méfiance que de confiance, en ce sens où cela fait plus appel à un instinct primitif qu'à une recherche en conscience pour faire évoluer le champ de perception.

À noter que les morceaux 9 à 12 ont été enregistrés en MIDI, ce qui m'a permis de modifier a posteriori les sons et instruments (ou de doubler certaines parties) sur partition. On peut les voir en cliquant sur le P.

Ça m'a été inspiré par une petite photo d'un talus couvert de "mauvaises herbes" qui me fit réaliser que ces espèces diverses formaient naturellement une harmonie, sans se soucier les unes des autres. J'ai alors décidé d'appliquer ce principe à la musique, en enregistrant les nouvelles pistes sans entendre celles déjà enregistrées  ayant juste noté un repère de durée. Mis à part le dernier morceau (que je n'aime pas beaucoup), je trouve que cela fonctionne.

À noter que le N° 9 n'était pas bon et je l'ai supprimé.

 

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Titre
Durée
Date
Instruments (synthétiseur)
-Le carillon rouillant au paysage -humide
2' 00"
7 décembre 2001
Piano
-Chien écrasé
1' 46"
7 décembre 2001
Cors
-Rats de peste heureux
1' 24"
7 décembre 2001
Vibraphone / Cloche / Marimba / Cor
-Madame a froid
2' 03"
7 décembre 2001
Clarinette / Timbales / Cor / Clavecin
-Sieste insomniaque
1' 35"
7 décembre 2001
Trompettes / Percussions / Voix / Cordes
-Un jeune singe est venu boire
1' 30"
7 décembre 2001
Marimba / Sitar / Harpe / Taiko
-Rêve ouvrier
2' 38"
12 mai 2002
Piano / Guitare éléctrique / Électronique
-Mendicité
2' 04"
13 mai 2002
Électronique / Trompette / Clarinette / Cor
II - 10 -Quelque chose bouge dans les herbes -hautes                 P 1' 26" 26 & 27 septembre 2005 Piano / Piccolo / Clarinette / Violoncelle / Trombone basse
II - 11 -Cantiga               P 1' 49" 27 septembre 2005 Haubois / Cor de chasse / Grelots / Harpe
II - 12 -Héphaïsterie    P 1' 53" 27 septembre 2005 Électronique
II - 13 -Dégringolade   P 1' 04" 28 septembre 2005 Guitares éléctriques / Piano

 

ImproviStations III

2017 / 2021

La musique, c'est du son organisé qui produit (plus ou moins) de sensations, de sentiments, d'émotions. 

Grincements et craquements, frottements et grattages, murmures et souffles, remuements et tintements, résonances en tous genres : voilà la matière concrète que j'ai choisi d'explorer ici. 

L'idée m'en est venue, en mars 2020, pour faire un pendant musical à la série (en cours) de dessins "Craquelures & Fissures". Un certain minimalisme donc, avec une même notion de délabrement, de décrépitude, de déclin, voire d'abandon. Pas la fin du monde, mais un état vieilli et très détérioré.

J'ai enregistré moi-même des dizaines de fragments sonores, de toutes sortes dans ce genre, allant de 30" à 1'30", à l'aide d'un petit magnétophone numérique de belle qualité (Zoom H4n) – exception faite de la reprise, sur "Credo", d'un enregistrement du grand Caruso que j'aime particulièrement, et de la cloche sur "Douar"

Je devins chasseur de tout ce qui grince, couine et se frotte dans mon environnement, y ajoutant des parties de voix ou issues de la nature – de plus longues durées. Ensuite, j'ai mixé ces éléments pour créer une athmosphère particulière, susceptible d'exciter l'imaginaire de l'auditeur pour des rêveries méditatives. 

J'ai donné des titres, selon mon propre ressenti, pour que cela soit plus poétique que juste les numéros. Il va sans dire qu'on est évidemment libre de n'en pas tenir compte.

 

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des Commentaires sur les morceaux ci-dessous






-Holz Stimme vor den Flammen / Voix de bois avant les flammes 2' 28" 2 11 mai 2017
-Maisonnance 2' 10" 4 7 mars 2020

III - 03

-Abri 3' 00" 5
-Visiteur 3' 21" 5
III - 05 -Manufactoriale 2' 30" 6 8 mars 2020
III - 06 -Présence 2' 55" 5
III - 07 -CredoJe crois 3' 32" 6 9 mars 2020
III - 08 -Métallo 3' 00" 5 10 mars 2020
III - 09 -DouarTerre 2' 15" 6
III - 10 - 6' 25" 4 4 mai 2020
III - 11 -IbadaRituel 2' 45" 5 6 mai 2020
III - 12 -Incompréhension 2' 08" 6 7 mai 2020
III - 13 -Mot-à-mot 2' 40" 7
III - 14 -Mécanisme 1' 30" 8 21 mai 2020
III - 15 -Blancs 3' 33" 7 4 juin 2020
III - 16 -Occupation 3' 00" 7 5 juin 2020
III - 17 -Anarythmie 3' 00" 10 18 juin 2020
III - 18 -Trétrastase 1' 30" 7 19 juin 2020
III - 19 -Émissions 1' 34" 6 8 juillet 2020
III - 20 -Enfroissements 2' 27" 7 9 juillet 2020
III - 21 -Cut / couper 1' 29" 7 19 avril 2021
III - 22 -Dernier Rappel 1' 56" 5

Tous ces morceaux ont été mis en vidéo, avec des images minimalistes. À voir ici.

 

Commentaires sur des morceaux en particulier

01 / Le premier morceau est assez antérieur aux autres de la série, mais totalement cohérent avec  dans une sorte de préminiscence... Son origine vient de la fabrication du "Labyrinthe XXII - Sprachgitter" (mai 2017), en hommage au poète juif d'expression allemande Paul Celan. Je venais de coller toutes les parois – rappelant le plan des baraquements des camps de la mort et ai curieusement passé mes doigts sur cette sorte de lyre en bois, le frottement trouvant une certaine résonance avec le bois de pin (essence peu dense) à laquelle je fus sensible, et décidai de l'enregistrer – faisant un peu de bidouille pour le mix final

J'ai eu l'impression sensible de percevoir des souffles... avec des sentiments mêlés et contraires. D'un coté une certaine angoisse de leur part, car j'allais brûler ces parois de bois – superficiellement – et de l'autre, une grande nécessité à communiquer, sans qu'il y ait besoin de mots, ni même quoi que ce soit de concret à exprimer, hormis : « Nous sommes là, présents, dans ce bois, dans ce son, et dans les mots du poète. »

07 / L'enregistrement est celui de l'air : "Je crois entendre encore...", tiré de l'opéra "Les pêcheurs de perles" (1863) de Georges Bizet, interprété par le grand Enrico Caruso en 1904.

09 / Le texte est tiré du poème de Xavier de Langlais : "Tri den dirag an douar", dans le recueil : "Kanoù en noz". 
Ce que je siffle est improvisé, à la manière d'un cantique breton.

10 / Le texte reprend les 2 dernières pages de mon livre : "La petite Histoire du Schmoyzlner de Gulinka". 
À l'instar du N°1, le thème de ce morceau est la disparition d'êtres divers lors de la Shoah.

11 / Ambiance africaine  le titre est en Swahili , même si la pluie et les oiseaux sont dans mon jardin... Il n'y a autrement que des instruments acoustiques.

13 / La partie des cordes est un enregistrement (sur une vidéo) d'un petit ensemble avant un concert, avec boucle et inversion.

15 / Morceau très minimaliste  bien que comprenant 8 pistes  mixant principalement des "bruits blancs" (d'où le titre) plus de l'audio trafiqué. Seul le son final n'est pas "fait maison", étant des crépitements et sifflements de haute-tension. En image, j'ai superposé un mur en extérieur à Pont-Aven et des ombres de feuillages à Pontivy. L'ensemble a un côté radical, mais j'aime bien ça.

16/ Morceau composé à partir de 5 secondes de la tonalité téléphonique "occupé", avec variations de registre et de tempo.

17/ Le morceau est essentiellement composé d'un même fragment musical d'une minute, joué arythmiquement au kalimba. Je l'ai ensuite dupliqué deux fois à la suite  pour avoir une durée de trois minutes , puis dupliqué cette suite sept fois sur des pistes différentes, en accélérant le tempo à chaque fois pour le réduire de 20 secondes et décalant la spatialité, chaque piste étant alignée au centre. L'idée principale est d'organiser une sorte de chaos rythmique donnant une impression d'aléatoire organisé... C'est un exemple à porter au crédit de recherches qui me tiennent à cœur sur de la musique sans rythme. J'ai enfin rajouté 2 parties de fond, l'une d'un frottement des doigts sur le kalimba, l'autre d'une bille de plastique (souris) tournant dans un ustensile en céramique.

18/ Le titre est un néologisme sur les racines grecques de "tétra" : quatre, et "stase" : immobilité. C'est une posture spirituelle, méditative, mystique. Sur un fond très brouillon de sons d'origine métallique  le métal des armes se détache une voix, une voix repère ou signal, qui nous averti ou nous guide. Est-ce la Pythie, une vestale, une sainte ? Elle reste imperturbable et constante dans son chant inlassablement répétée, sans cesse renouvelé. Or, s'il y a 5 notes, elles disent néanmoins le chiffre 4, de manière cachée via le code morse avec 4 points et un trait. 

On peut aussi l'interpréter de bien des manières, comme quatre pulsations que l'on perçoit, puis l'extase qu'elles procurent... Chacun pressentira ce qu'il voudra ou ce qui viendra  dans ce 4 immobile, intangible, totémique ! que ce soit les 4 éléments, saisons, points cardinaux, etc., ou les 4 évangiles... et bien sûr le Tétragramme !

19/ En outre du mix de bruitages maison, sur 4 pistes, j'en ai rajouté deux avec des sons de l'espace : des émissions radio en provenance de Saturne, et d'autres ondes radio captées en dehors de l'atmosphère terrestre. 

 

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