Théâtre

le Mariage de Crépon

bouffonerie bretonne

en 3 actes

 

Avec cette pièce commencent (dans la chronologie) les choses sérieuses. "Sérieuses" n'est peut-être pas le terme le plus approprié, vue la nature de la chose, mais disons que malgré la désinvolture du propos, j'ai eu pour la première fois l'ambition d'écrire une pièce de théâtre digne de ce nom. Le prétexe fut un été désœuvré (1986, je crois) où, constatant que nombre de mes amis restaient à Paris (où je résidais), j'imaginai de nous divertir en montant une comédie – songeant à l'épisode fameux de la pièce de Picasso : le Désir attrapé par la queue.

J'ai donc commencé à l'écrire, en alexandrins (de cuisine), mais sans aboutir… ni même aller très loin. Par la suite, j'en rajoutai des bribes, par ci par là, pendant des années, selon ma manière désordonnée de travailler (à l'époque). Pour plus d'efficacité – voire pour de l'efficacité tout court – je me suis attaché (vers le milieu des années 2000) à un seul chantier littéraire à la fois, l'un après l'autre ; exception faite de la poésie qui reste libre de ses mouvements.

Ainsi, après avoir bouclé la (curieuse) petite histoire du Schmoyzlner de Gulinka (2008) et le (volumineux) Saint des Saints (2012), je me suis attelé au théâtre, avec l'achèvement d'oyfn veg / en Chemin, puis cette ancienne pièce : grosse farce bouffonne dans un esprit ubuesque, avec musique (que j'écrirai) et ballets baroques.

J'envisage une trilogie – à l'instar (respectueux) de Beaumarchais –, dont ce volet serait le deuxième. Par ailleurs, j'ai hésité longtemps entre divers titres : Pas maintenant / le remarié marri / le mari marri / ô feue la reine ! / la femme du veuf / Le bigot bigame

L'argument :

Acte I : Dans des temps aussi anciens qu'aventureux (sorte de Haut Moyen-Âge), la reine de Saba, Paméla, en croisière d'agrément, fait naufrage sur les côtes bretonnes. Après des péripéties, elle trouve refuge au château du roi de Bretagne, Crépon (un Créon en pâte à crêpe...).

Acte II : Le roi – sorte d'Ubu, gros rougeaud vulgaire – va tomber éperdument amoureux de l'orientale très snob et sophistiquée, se mettant en tête de l'épouser. Le problème est qu'il est déjà marié à Guenille (lointaine cousine dégénérée de Guenièvre), une femme dans son genre (à lui). Qu'à cela ne tienne : il se décrétera veuf ! – la "défunte" reine demeurant à la cour – et le tour est joué… Enfin, presque. À noter la présence d'un autre personnage important : le confesseur, Torquémadoué Beniget [benidjeute] (austère et exalté), lequel débutera comme moine novice et finira cardinal.

Acte III : Sur les conseils du confesseur, Guenille fait croire qu'elle est vraiment morte (de chagrin et/ou suicide) la veille du nouveau mariage. Le roi est effondré, se rendant compte à quel point elle lui était indispensable et qu'il l'aimait… Tandis qu'il veille seul le corps, il chante ses regrets, l'enlace, l'embrasse, et finalement la culbute ! La reine ne pourra plus feindre la mort… Tout finira bien : le roi reprendra Guenille, tandis que la reine de Saba s'enfuira avec le confesseur.

Quelques répliques :

Le roi Crépon :

— Pour passer le temps, je compte les kilos que je prends.

— Je suis trop gros pour être pauvre.

— Quoi de plus injuste que de me sous-estimer ?

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la reine Guenille :

— Ce matin, j'ai mis ma tête de sale gueule… exprès pour emmerder mon miroir !

— Retenez-moi ou j'ai un orgasme !

— J'ai hâte de voir qu'il ne se passe rien.

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le confesseur :

— Ça ne suffit donc pas aux rois d'être inutiles ? Encor faut-il qu'ils aient le front d'être nuisibles !

— Personne ici ne met en doute votre ignorance !

— Un homme en femme ? Ô Dieu ! c'est odieux ! c'est infâme...

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la reine de Saba :

L'ordinaire, ce n'est pas mon fort.

— J'espère pour votre femme que vous serez vite veuf.

— Un enfant, c'est mieux qu'un chien, mais ça vit plus longtemps...

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le roi :
— J'ai plutôt l'habitude de chier de grosses bouses.
..
la reine (en retrait) :
— Les chiens ne font pas des chats !

 

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