Théâtre

selon Jean

Tétralogie de comédies & comédies tragiques

 

Le personnage de don Juan est une haute figure faisant partie de mon Panthéon personnel. J'ai donc eu l'envie d'apporter ma pierre à l'édification du mythe – dont cette pièce est une version –, à la suite prestigieuse de Molière, Mozart / da Ponte, ou encore Brassens. J'ai en outre en projet (depuis les années 80...) un tableau l'ayant pour sujet, dans la série : Vendredi Saint.

J'imaginai au préalable une pièce en quatre actes, mais cela s'avéra assez vite trop juste en poussant un peu la conception. Je décidai donc d'en faire une tétralogie (3 actes d'une heure pour chaque pièce), procurant de facto une autonomie à chacune.

L'argument :

I / Liberté (ou : Liberté chérie) : Nous sommes fin XVIIIème, dans la France révolutionaire. Don Juan, accompagné de son valet Pedro, a décidé de gagner Paris, attiré par l'idéal de Liberté qui semble y faire loi. Il fait étape dans une auberge. Il y rencontrera Casanova (tenant beaucoup à les différencier), mais aussi le marquis de Sade. Ils vont dîner tous les trois, et partager leurs points de vues philosophiques et sentimentaux... Don Juan trouvera quand même le temps de séduire (et d'honorer) la jeune servante.

II / Égalité (ou : le Mâle du Siècle) : Toujours en France, mais dans les années 1830, dans un salon littéraire (sans doute celui de George Sand). Ça m'intéresse assez de confronter le sanguin séducteur, impétueux et impénitent, à cette autre manière romantique, toute idéalisée, voire éthérée, un tantinet moyen-âgeuse et finalement très conformiste. Là aussi, il devrait rencontrer des personnages réels et fictifs représentatifs (non encore déterminés), et là aussi séduire des femmes.

III / Fraternité (ou : le Chemin des Dames) : Nous voici au front, en 1917, au Chemin des Dames. Outre une infirmière et une ouvrière, don Juan, officier mutiné d'un régiment de zouaves, sera essentiellement confronté au Commandeur (de l'ordre et de la morale), sous les traits du général Pétain, qui le fera fusiller (sur fond de la Chanson de Craonne), ayant refusé de transmettre son recours en grâce.

IV / ou la Mort (ou : Seules) : Dans un décor contemporain de bordel, figurant une sorte de Purgatoire, des femmes de tous âges, de toutes époques et de toutes conditions évoquent leur vie et leur rencontre avec don Juan. Celui-ci pourra paraître, de temps à autre, mais sans jamais parler. Plus d'illusions que de phantasmes, plus de regrets que de rancœurs, mais plus d'impuissance que de résilience, car pour tout : c'est trop tard...

Quelques répliques :

    I :

— Je ne brûle que de vous enflammer ! Laissez-moi donc approcher ma torche de votre foyer...

— Ce que j'ai fait vaut mieux que ce que je suis, car ce que je suis, ce n'est pas moi qui l'ait fait.

— On ne tue pas deux fois le même gibier.

— Il faut bien se damner pour quelque chose !

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    II :

— Vous désirez, monsieur ?
— Voilà, mademoiselle, une question que vous devriez vous posez la première… Ma réponse en dépend.

— Je vous préviens : elle vous déteste !
— J'aurais donc l'avantage...

— Mieux vaut déplaire qu'ennuyer.

— Ce n'est pas en rêvant que l'on séduit une femme.

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    III - don Juan (à Pétain) :

— J'ai fait don de ma personne à La femme.

— La sexualité et la religion sont deux escroqueries de la nature assez comparables. La mort en est le seul remède connu.

— De quelque sens qu'on le tourne, l'honneur est toujours mal placé. C'est une parure de barbare ; chez les civilisés, ça ne se porte pas. C'est un mot qu'on esclaffe ! comme une gifle de l'outrance au bon sens.

Heureux sois-tu, toi qui a quelque chose à trahir.

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    IV :

— L'inimaginable, je préfère ne pas y penser…

— À quoi veux-tu qu'il soit fidèle ? si ce n'est à sa nature !

— Ça lui ferait de la peine ou ça lui ferait plaisir. Or je ne veux ni l'un ni l'autre.

— Il y avait en lui plus de vérité que de franchise.

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