des Choses à Dire

28 - Les choses n'ont rien à dire

 

 

 

 

 

 

Août 2009. Carton, tissus, cahier, stylo.

J'avais envie de faire quelque chose en rapport à l'écriture, au métier de l'écrivain. J'ai d'abord pensé mettre un de mes cahiers ou carnets où je consigne des notes, échafaude des brouillons pour mes travaux littéraires – ce que je fais désormais rarement, n'utilisant plus guère que l'ordinateur, sauf pour noter des phrases à la volée – mais ils sont souvent un peu gros avec beaucoup de choses dedans que je n'ai pas envie de "perdre", ni de les "mettre sur le marché", car cela touche à une intimité que j'entends préserver.

J'ai ensuite pensé choisir un de mes aphorismes, mais cela eut été trop artificiel et il valait mieux écrire spécialement pour cette Chose à Dire. J'ai donc ouvert le cahier, pris un stylo et ai écrit spontanément (l'avant-dernière phrase de la série). Voyant que je pouvais l'améliorer, je l'ai d'abord corrigée, puis réécrite sur la page suivante. J'ai eu envie d'en écrire d'autres et c'est ce que je fis sur les pages précédentes. Les suivantes sont vierges et je les ai collées. Pour le fond, c'est juste que j'aime bien les tartans écossais et que ça restitue une certaine chaleur intime propre à l'état d'écriture.

Il est sans doute paradoxal de donner ce titre dans cette série, mais cela me permet au contraire de la renforcer en précisant mon propos. Les choses n'ont rien à dire en elles-mêmes, elles sont d'une matière inerte et n'ont pas la possibilité physique ou psychique d'exprimer quoi que ce soit. Néanmoins, quand j'en vois une, "ça me dit quelque chose", et ce "quelque chose" est issu de la combinaison de ce que l'Homme a façonné et de mon propre système individuel de références. L'expression de la chose est une projection humaine, renforcée par le geste artistique – matérialisé par le cadre qui lui en donne un inhabituel, conférant à ces objets plutôt quelconques une certaine solennité – et l'expression artistique de la sentence ; elle-même généralement assez anodine, mais prenant une dimension plus profonde dans l'agencement des perspectives.

Textes figurant sur chaque page :

Petrus scriptit

Pourquoi crois-tu que je vais cacher du texte, des choses à dire ? Je dis ce que j'ai à dire, le reste est écrit.

Ne sois pas étonné, je te connais.

Fais quelque chose pour quelqu'un et je ferai quelque chose pour toi.

Tu crois quoi ? ni ce que tu sais, ni ce que tu crois savoir…

Tu t'imagines des choses réelles et tu ne vois pas tes rêves.

Inutile

Petrus n'est plus que dans ces choses qui ne sont plus siennes. Petrus n'est plus.

Au recommencement était le silence.

Les choses n'ont généralement rien à dire.
Si je les fais parler, ce n'est qu'en ton particulier qu'elles expriment ce que tu comprends.

Les choses n'ont rien à dire. Si je les fais parler, ce n'est qu'à toi qu'elles expriment ce que tu comprends.

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